Depuis septembre, Fedasil a lancé un appel d’offres au secteur privé afin d’accueillir une partie des réfugiés. La privatisation de l’accueil symbolise pour qui roule réellement ce gouvernement : ni pour notre système social, ni pour les réfugiés mais bien pour les grandes entreprises privées.
Auteur : Max Vancauwenberge
L’accueil des demandeurs d’asile est une compétence fédérale. Fedasil est l’agence responsable de leur garantir l’accueil, que ce soit dans ses propres structures ou en faisant appel à des ONG. La loi impose d’offrir aux demandeurs d’asile une aide matérielle, un accompagnement psycho-social, des soins médicaux, l’accès à l’assistance juridique, une évaluation de leurs besoins spécifiques et l’accès au marché du travail après 6 mois.
Afin de pouvoir remplir ces missions, Fedasil comptait 1200 membres du personnel pour un budget de 400 millions par an. Mais ce budget fut réduit lors de la législature précédente à 300 millions et à 900 contractuels. De nouvelles coupes ont également été décidées par le gouvernement actuel en décembre 2014. Depuis 2012, 5000 places d’accueil ont ainsi été supprimées.
Depuis septembre, Fedasil a lancé un appel aux grandes entreprises privées afin d’accueillir une partie des réfugiés, mais à un coût bien supérieur que celui des ONG. Mesure qui peut paraitre étonnante après les discours de certains membres du gouvernement, N-VA en tête, qui disaient vouloir limiter le coût lié à l’accueil des réfugiés afin de protéger notre système social.
Une privatisation qui va coûter cher à la collectivité
A l’heure actuelle, l’agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile (Fedasil) peut faire appel à des ONG tel que la Croix-Rouge afin d’accueillir les réfugiés. Pour cela, Fedasil leur paie 40 euros par jour et par adulte accueilli. Si ce montant s’avère trop élevé, les ONG remboursent alors le surplus à Fedasil.
Cela ne sera plus le cas pour les entreprises privées qui accueilleront ces réfugiés. D’une part elles ne recevront non pas 40 euros par adulte mais bien 60 euros et d’autre part les entreprises privées ne rembourseront pas les surplus éventuels à Fedasil. Dans un article du Tijd, un dirigeant d’entreprise se réjouissait déjà des montants. « Cela suffit pour faire du profit », déclarait-t-il.
De plus, afin d’être le plus rentable possible, nous pouvons nous attendre à ce que ces entreprises compriment les coûts de l’accueil au maximum, menacant la qualité – déjà souvent médiocre – de l’accueil des réfugiés. Dans une récente carte blanche, l’avocate du cabinet Progress Laywers Network Selma Benkhelifa revenait également sur les nombreuses violations des droits humains qu’a entrainée la privatisation de l’accueil en Allemagne.
Notre système social et les réfugiés se retrouvent tous deux perdants. Le premier car les montants seront plus élevés pour l’accueil des réfugiés, les seconds car les conditions de l’accueil vont se retrouver dégradées. Le gouvernement montre son vrai visage, bien loin du discours de certains de ses membres qui affirmaient vouloir protéger notre système social des réfugiés : celui du gouvernement au service des grandes entreprises privées.
G4S gagne deux fois
Ironie du sort, parmi les grandes entreprises ayant déjà offerts leurs services pour accueillir les réfugiés se trouvent l’entreprise de sécurité G4S.
Cette multinationale est également présente en… Irak et en Afghanistan, d’où proviennent de nombreux réfugiés fuyant la guerre. G4S y fait de juteux bénéfices en assurant la sécurité, non pas des irakiens, mais des entreprises pétrolières.
G4S est doublement gagnante tandis que nous payons deux fois. D’abord, nous payons pour la guerre en Irak qui permet à G4S d’y faire de juteux bénéfices et ensuite nous payons G4S en Belgique au prix fort pour qu’il accueille les réfugiés que notre guerre a mis sur les routes vers notre pays.
Bart De Wever et consorts ont, tout au long de la crise de l’accueil, tenté d’opposer les travailleurs belges et les réfugiés. Ces derniers seraient une menace pour notre système social. Si le gouvernement se souciait réellement de notre système social et des réfugiés, il exigerait de G4S de payer un impôt exceptionnel pour accueillir les réfugiés qui fuient la guerre sur laquelle G4S fait des bénéfices.