Aujourd’hui, vendredi 18 décembre 2015, c’est le 13e vendredi d’affilée que je me suis levé à 5h40 pour aller, avec une dizaine d’autres personnes, distribuer un petit déjeuner aux réfugiés. Certains ne sont en Belgique que depuis un jour ou deux, d’autres depuis bien plus longtemps. Ces gens ont dû fuir leur pays, leur maison, et sont en quête d’un nouveau « chez eux ».
Auteur : Jonas Soete, 14 ans
Je me souviens de la première fois où je m’y suis rendu, dans la simple idée de me retrouver devant une file de gens qui devaient tout simplement attendre un moment. La réalité était bien différente. C’était une file de 200 à 300 mètres de personnes agglutinées qui n’avaient qu’un petit sac à dos ou un sac en plastique ne contenant qu’un minimum de souvenirs de chez eux. Presque toutes transies de froids et tellement reconnaissantes pour une aussi petite chose qu’une tasse de thé ou de café. Souvent, elles avaient passé toute la nuit là pour garder leur place. Une semaine ou deux plus tard, le parc Maximilien a commencé à se remplir de gens. Il y a d’abord eu un amas de tentes plantées çà et là, puis le campement a été mieux organisé avec l’aide de dizaines de bénévoles. Et puis, encore une semaine plus tard… plus un chat, le parc ayant été hermétiquement fermé, interdit d’accès, et les clôtures y sont toujours.
A force d’aller là toutes les semaines pour aider des gens, on entend l’un ou l’autre expliquer : « J’ai marché pendant 50 jours depuis la Grèce pour arriver jusqu’ici » ; « J’ai payé 5000 euros pour venir ici » ; « Nous avons vendu notre maison pour payer le voyage »… toutes des histoires déchirantes. Et puis, chaque semaine, il y a cette stupide démonstration de force de la police. Ils arrivent dans leur combi et se mettent à crier sur les gens comme s’ils étaient des animaux. Ces semaines ont totalement changé mon regard sur le monde. Et cela ne va pas s’arrêter à ces semaines. Je vais continuer à y aller, à me battre pour qu’une solution décente soit trouvée à ce problème. Nous n’allons pas renoncer, jamais.
Il fallait que je raconte ça.
