bpost veut engager des réfugiés comme facteurs. Il faut dire que manque de personnel chez bpost est criant, et cause des problèmes aux travailleurs. Cependant, cette proposition vise davantage à pratiquer le dumping social pour éviter d’améliorer les salaires et conditions de travail des postiers.
Auteur : Max Vancauwenberge
Dumping
En cas de plainte, ces facteurs ont peur d’être mis sur des tournées plus difficiles ou d’être tout simplement licenciés
« En temps de difficultés économiques, il est plus facile de trouver des candidats. Quand l’économie va un peu mieux, nous constatons un recul. » C’est ce qu’a déclaré Barbara Van Speybrouck, porte-parole de bpost.
Ce n’est pas la première fois que bpost doit faire face à un important manque de personnel. En 2010 déjà, dans certains bureaux de postes ; les conditions de travail étaient tellement mauvaises que les facteurs préféraient quitter leur emploi. Il faut dire que la direction de bpost avait mis en place un nouveau barème salarial – le barème DA – pour chaque nouveau postier engagé, avec un salaire drastiquement diminué par rapport aux autres facteurs. À la suite de nombreuses luttes et de la faible attractivité de ce contrat DA sur le marché de l’emploi, le salaire brut par mois fut remonté de 1596 euros à l’origine à 1743 euros. Le statut prévoit cependant que cette rémunération reste figée tout au long de leur carrière.
Les conditions de travail se sont également détériorées ces dernières années. De nombreux facteurs se plaignent d’être obligés de faire des heures supplémentaires non payées chaque jour afin de pouvoir terminer leur tournée de distribution du courrier. En cas de plainte, ces facteurs « DA » ont peur d’être mis sur des tournées plus difficiles ou d’être tout simplement licenciés.
En 2012, une étude de la VUB a confirmé que le travail des facteurs devait être considéré comme un métier lourd et que des mesures devait être prise pour améliorer leurs conditions de travail. Sans suite.
Instrumentaliser les plus fragiles
En 2015, l’entreprise postale a ainsi redistribué 258 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires
« Nous donnons déjà beaucoup de travail à des gens peu scolarisés », affirme la porte-parole de bpost Van Speybrouck. Mais, à présent que la situation sur le marché de l’emploi semble s’être quelque peu améliorée, bpost ne trouve plus assez de personnes qui acceptent d’être engagées à ces conditions là. Cela pose évidemment des problèmes réels pour remplacer le personnel malade, pour les congés et pour distribuer le courrier à temps.
Il faut cependant aussi dire que l’entreprise a largement réduit ses effectifs. En effet, le personnel de bpost est passé de 39 373 salariés en 2006 à 24 703 aujourd’hui, soit presque 40 % de personnel en moins en 10 ans. Et la direction veut arriver à 20 800 en 2020.
Après avoir profité de la pénurie d’emploi et de la situation difficile dans laquelle se trouvaient les personnes peu qualifiées sur le marché de l’emploi suite à la crise économique de 2008, bpost veut à présent exploiter la détresse des réfugiés. Le tout, en prétendant favoriser l’emploi.
Cette pratique de dumping social permet à bpost de casser les salaires et les conditions de travail tout en s’assurant de plantureux dividendes. En 2015, l’entreprise postale a ainsi redistribué 258 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires, dont l’État reste le plus important avec 50 % des actions plus une.
L’intégration des réfugiés, qu’Alexander De Croo, ministre des Entreprises publiques, dit vouloir favoriser, ne passera pas par les parquer dans des emplois dont les travailleurs belges ne veulent pas afin de pouvoir y maintenir les salaires au plus bas et les dividendes élevés. L’utilisation des réfugiés pour maintenir des bas salaires dans certains secteurs ne fera au contraire que créer un terreau fertile au racisme. L’État, en tant qu’actionnaire majoritaire de bpost, devrait intervenir pour exiger que les conditions salariales et de travail soient améliorées pour tous les postiers, qu’ils soient réfugiés ou non.